L’essence du ski de fond : une communauté accueillante pour le plaisir, la mise en forme et la santé pour tous
Le sport a beaucoup donné à Roy Strum, et il lui a bien rendu.
« J’adore le ski, » s’exclame le directeur d’une école primaire à Calgary. « C’est quelque chose que je fais. »
« J’ai commencé avec les compétitions quand j’étais jeune. J’ai maintenant plus de 50 ans. J’ai ce genre de bagage. Lorsqu’il y avait une Alberta College Athletic Conference, j’ai été champion en ski de fond quand j’allais à l’école à Red Deer. Skier fait partie de moi et de ma vie. »
Strum est passé de la compétition à l’instruction et à la gestion en tant que président et entraîneur au Foothills Nordic Ski Club à Calgary et fondateur et entraîneur du Bragg Creek Ski Club.
Depuis une dizaine d’années, il est chef de compétition pour les championnats de ski de la jeunesse en Alberta et il a été directeur de l’équipe provinciale de ski de Nordiq Alberta.
Parmi ses initiatives, la plus importante est incontestablement la formation en 2018 du Calgary Gay Ski and Social, un endroit pour la communauté LGBTQI2S+ pour retrouver une communauté, s’améliorer en ski et se mettre en forme.
Le mois de juin est le mois de la Fierté, le moment pour les communautés LGBTQI2S+ du monde entier de se rassembler et de célébrer leur liberté d’être eux-mêmes.
« Le pouvoir d’un club sportif, dans le cas présent un club de ski, peut avoir beaucoup d’influence, » explique Strum, qui a déménagé à Calgary il y a quatre ans. « Les personnes gaies ne veulent pas toutes se tenir avec d’autres personnes de la communauté gaie : notre communauté est aussi diversifiée que les communautés hétérosexuelles. »
« Toronto, Montréal et Vancouver sont des petits endroits libéraux très tournés vers le “moi”, c’est très différent de Calgary. Il est plus facile d’être accepté dans les plus grandes villes au Canada. »
« Les gais de Calgary doivent créer leur propre communauté gaie ici; il faut activement créer des lieux où les gais peuvent se tenir ensemble. »
La genèse du Calgary Gay Ski and Social a commencé lorsque les participants du Gay Splash Swim Club ont mentionné à Strum qu’ils aimeraient commencer à pratiquer le ski.
« Il y avait déjà un engouement pour le projet, » explique-t-il.
En commençant avec une dizaine de skieurs, l’initiative a maintenant doublé et les participants se retrouvent les mardis à Calgary et les dimanches en montagne.
Tout le monde, mais vraiment tout le monde est bienvenu.
« Au cours des dernières années, les gens en ont parlé et les choses se sont développées naturellement, » dit Strum. « Nous avons plusieurs personnes d’un groupe de course pour les personnes gaies, les Front Runners, qui font de la course dans plusieurs grandes villes du monde. Plusieurs d’entre eux se sont joints à nous. Il y a aussi un club de natation pour les gais en ville qui s’appelle Different Strokes et plusieurs d’entre eux nous ont aussi rejoints. »
Nordiq Canada est tout à fait pour le but de promouvoir la diversité et la sécurité pour tous dans le contexte général du sport.
« Ça fait partie de nos valeurs fondamentales, tout simplement parce qu’il s’agit de bonnes valeurs humaines, » souligne le chef de direction de Nordiq Canada, Stéphane Barrette. « Ces valeurs se reflètent aussi dans notre mandat, qui est de voir tous les Canadiens en ski. »
« Nous en sommes à un point où nos membres et le ski de fond en général représentent la diversité des Canadiens qui font du ski. Nous ne pouvons y arriver qu’en étant aussi inclusifs que possible, en ajoutant des programmes et des initiatives qui travaillent de façon proactive pour arriver à cette inclusion. »
Le soutien de l’organisme est apprécié.
« Récemment, en mars, Nordiq Canada a fait des demandes de subventions à Sport Canada pour aider la croissance, pour un sport inclusif qui reflète la diversité de notre communauté, » dit Strum. « L’initiative sur laquelle Nordiq Canada travaille servira à avoir une plus grande diversité ethnique, plus de diversité d’orientations sexuelles et plus de diversité des genres. Comment pouvons-nous y arriver? »
« Un travail est en cours et nous l’apprécions. »
Une étape majeure pour Strum et son club a eu lieu l’an dernier, avec l’ajout du ski de fond dans la Coupe de l’Ouest.
La Coupe de l’Ouest a commencé en 1981 avec la rencontre de quatre personnes et elle est maintenant devenue une compétition multisport qui comprend 1500 participants de partout en Amérique de Nord, ce qui est fait la plus grande compétition multisport LGBTQI2S+ et celle ayant la plus longue histoire en Amérique du Nord.
Bien qu’elle se concentre sur cinq sports (volleyball, quilles, curling, ballon chasseur et hockey), la compétition est ouverte à en ajouter d’autres.
« Harri Ulmer, qui nous vient du Different Strokes Swim Club, et moi, nous connaissions la Coupe de l’Ouest, qui est organisée par le groupe Appollo Friends in Sport, » explique Strum.
« Nous avons commencé à nous dire il y a quelques années que ça serait bien de créer une compétition pour notre club et les autres clubs gais. À Calgary, il y a une association gaie de curling, une association gaie de hockey et ils se retrouvent pour plusieurs des mêmes raisons que nous. »
« J’ai approché le conseil d’administration pour leur demander : “Est-ce qu’on peut ajouter un sport à la compétition?” Ils étaient très enthousiastes. Nous avons commencé à organiser une compétition au Canmore Nordic Centre en sachant qu’il y aurait de la neige à la mi-avril; la Coupe de l’Ouest a généralement lieu à la longue fin de semaine de Pâques. »
« La Coupe de l’Ouest est une compétition ouverte. Environ 90 % des participants sont gais, mais nous sommes inclusifs. Tout comme pour le Calgary Gay Ski and Social, tout le monde est bienvenu. »
« J’ai contacté des connaissances des clubs locaux dans le sud de l’Alberta pour leur dire : “Venez nous voir. Nous organisons une compétition gaie, la toute première au Canada, organisée par un club de ski gai dans une compétition multisport gaie dans le but de créer un lieu dans lequel les personnes gaies peuvent être ce qu’elles sont en étant entourées d’alliés. »
Le 16 avril, les efforts ont porté fruit avec l’ajout du ski de fond à l’horaire de la Coupe de l’Ouest. Une épreuve de ski de fond classique, une épreuve en pas de patin et un relais ont été présentés.
Des variations uniques ont été ajoutées aux différents formats.
Par exemple, plutôt que d’être simplement numérotées, les équipes de relais ont été nommées en l’honneur d’athlètes ouvertement LGBTQI2S+. Strum a contacté le multiple médaillé olympique Eric Radford (patinage artistique en couple), le joueur de hockey Luke Prokop et l’icône olympique en natation Mark Tewksbury pour leur demander d’utiliser leur nom et leur héritage.
« Eric et Mark m’ont répondu tout de suite en disant : “C’est une excellente idée!” »
« Nous voulons que les jeunes personnes gaies sachent qu’elles peuvent être ouvertement gaies et avoir du succès. Nous leur présentons des modèles. »
« Je crois que nous savons tous que les gens, lorsqu’ils peuvent être eux-mêmes, arrivent à en faire plus et à mieux performer. »
« La compétition était petite cette année, mais ce fut un grand succès. Où va-t-on à partir de là? Une partie de la magie de faire partie de la Coupe de l’Ouest… on pourrait faire une compétition à n’importe quel moment dans l’année. Ce n’est pas un problème. Mais lorsque la compétition fait partie d’un évènement multisport et qu’il y a une possibilité pour une équipe de volleyball, par exemple, de venir jouer au tournoi, et que des amis de ces personnes voient qu’il y a une compétition de ski et qu’ils décident d’y aller parce que leurs amis sont là… nous espérons pouvoir grandir de cette façon. »
« Notre espoir est de grandir d’une année à l’autre. L’année passée, tout le monde était vraiment content. »
Plaisir. Communauté. Santé.
L’essence du ski de fond.
« Les barrières font peut-être partie de l’était d’esprit et de la culture de certains, » commente Barrette. « Ce n’est pas assez de dire : “Nous ne faisons rien pour empêcher qui que ce soit de s’inscrire à notre organisme, à nos clubs, ou de faire partie de notre conseil d’administration.” Ces barrières existent quand même. »
« Il est important de le reconnaître, de ne pas juste dire “Tout le monde peut participer”. Si ça n’arrive pas, c’est qu’il y a une raison. On doit être proactifs et reconnaître ces barrières, même si elles font partie de la culture. Ça reste une réalité. »
« Nous devons trouver des initiatives pour aller chercher ces personnes et leur demander : “Pourquoi ne viendrais-tu pas voir ce que nous avons à offrir? Nous voulons en savoir plus sur toi.” »
« Lorsqu’on les aborde comme ça, les gens sont prêts à essayer. Ils se sentent en sécurité. Il y a plusieurs aspects du sport sécuritaire et nous voulons créer un climat dans lequel les gens vont être en sécurité et ne se sentiront pas jugés. »
Le travail à cette fin est continu et se reflète dans les initiatives comme le Calgary Gay Ski and Social et la Coupe de l’Ouest.
« La grande question est : comment Nordiq Canada peut nous aider à faire passer le message? » demande Strum.
« Visiblement, en défendant les droits et les besoins des personnes gaies, des jeunes gais, leur droit d’être des athlètes, d’apprendre à faire du ski de fond et d’être authentiques envers eux-mêmes sans avoir peur d’être victime de discrimination. »
« Je crois que c’est le travail de Nordiq Canada. Il est important d’y aller une chose à la fois pour faire avancer les choses, mais je crois que nous allons dans la bonne direction. »