Les nouveaux Canadiens adoptent l’hiver en se joignant à la communauté du ski
Il est originaire d’un pays de sphinx, pas de bonhommes de neige.
« La première fois en ski ? Merveilleux. Génial », s’enthousiasme Wael Ghanem.
« Je ne sais pas quoi vous dire. C’est tellement amusant.
« Dans notre pays, nous n’avons jamais eu cette opportunité, bien sûr. Le football (soccer) est le principal sport en Égypte et j’ai aussi aimé jouer au volleyball. Mais de pouvoir faire ça, venir ici il y a trois ans, essayer le ski et aimer ça – non, adorer ça – est un rêve devenu réalité. »
En ce jour de février, la température dans la métropole de 5,2 millions d’habitants d’Alexandrie, en Égypte, non loin de la province natale de M. Ghanem et à 8 500 kilomètres de sa résidence actuelle, est de 18 degrés et ensoleillée.
Les conditions sont, bien entendu, un peu différentes à Fredericton, au Nouveau-Brunswick : zéro degrés et des averses de neige.
Bien que M. Ghanem, 46 ans, ne s’en plaigne pas.
Wael, avec son épouse Ellen Margarethe et leurs trois enfants: Souzan, 15 ans, Mariam, 14 ans et Mohamad Mustafa, 10 ans, a immigré dans les Maritimes à l’âge de 43 ans.
Ici pour travailler pour l’Association multiculturelle de Fredericton, il s’est vu offrir la possibilité d’aider à familiariser d’autres personnes récemment arrivées au pays en participant au programme d’apprentissage du ski du club de ski de fond de Wostawea, destiné aux personnes qui, comme lui, souhaitent pratiquer ce sport et faciliter leur transition vers la vie dans un pays étranger.
Il a suffi d’un samedi après-midi et de quelques chutes pour qu’il devienne accro.
« Après ce programme », dit Wael, « je suis tout de suite allé acheter mon propre équipement de ski. »
La famille Ghanem est maintenant bien ancrée dans la culture du ski de fond au Canada et est membre à part entière du club.
Cette année, le club de Wostewea a également reçu une subvention de Nordiq Canada pour organiser un camp destiné aux femmes avec d’autres nouveaux venus et les membres de leur équipe de compétition afin de développer et d’améliorer la confiance en soi sur la neige.
La demande et le besoin de telles initiatives augmentent partout au pays. Plusieurs clubs se sont investis pour aider les nouveaux arrivants au Canada à, espérons-le, attraper la fièvre du ski de fond.
Le programme d’apprentissage du ski de quatre week-ends proposé par Wostawea, un club de 840 personnes, entièrement composé de bénévoles, avec option de participation ou de non-participation, en est à sa troisième saison.
Le club de Wostawea reçoit l’aide du réseau et de l’expertise de l’Association multiculturelle de Fredericton. Le financement du programme est partagé par l’initiative de collecte de fonds Trails For Life du club, avec l’aide du gouvernement du Nouveau-Brunswick.
L’équipement et les leçons sont gratuits pour les participants. L’enthousiasme est fourni par les nouveaux arrivants.
« Nous avons d’abord entrepris de recueillir 150 000 $ par l’entremise de Trails for Life et l’une des raisons était la sensibilisation de la communauté », explique Barb Ramsay, l’une des coordonnatrices de la sensibilisation de Wostawea. « La première chose avec laquelle nous voulions établir un lien était notre association dynamique et multiculturelle. Nous avons organisé des séances d’information et avons reçu un accueil enthousiaste, près de 105 personnes ayant déclaré vouloir profiter de l’hiver et apprendre à skier.
« De ce groupe, nous avons entamé la première année avec une quarantaine de personnes, semblable à la deuxième année, et cette année année, nous sommes près de 50. C’est à peu près la limite de notre capacité en termes de coaching et d’équipe de soutien. »
Plus d’une douzaine de pays sont actuellement représentés, dont le Pérou, la Chine, l’Ukraine, la Colombie, la Syrie, l’Autriche et l’Allemagne.
Pour plusieurs, la transition vers la neige les place hors de leurs zones de confort personnel. Ce qui est le but, en quelque sorte.
« Les personnes qui choisissent de venir dans un nouveau pays sont quand même une espèce rare”, souligne une autre coordinatrice du projet, Mary Murdoch.
« Ils manifestent déjà une certaine confiance. Ils sont peut-être plus disposés que la moyenne des gens à essayer, à adopter quelque chose de nouveau. C’est fou comme ils sont enthousiastes. Comme dans tous les sports, il y a des gens qui sont un peu plus sportifs. Il faut savoir maîtriser l’enthousiasme.
« Nous voulons qu’ils développent un sentiment d’appartenance. Dans bien des cas, ils viennent pour commencer une vie meilleure. Quand nous avons tendu la main, nous avons formulé l’invitation comme suit : « Nous sommes une communauté de 800 personnes et nous voulons vous accueillir. »
Parham Momtahan est un autre immigrant qui s’est senti bien accueilli une fois arrivé à Ottawa. Né en Iran, il s’est installé au Royaume-Uni avec sa famille à l’âge de 10 ans. Il est arrivé au Canada dans les années 1980.
« Mon histoire est simple », dit Parham Momtahan, qui consacre maintenant du temps à aider à tracer des pistes dans les quartiers locaux, élargissant ainsi la portée et l’accessibilité de ce sport. “Je suis arrivé ici dans la vingtaine. Après avoir fréquenté l’université au Royaume-Uni, j’ai trouvé que je m’ennuyais beaucoup en hiver pendant ma deuxième année. Un de mes amis, un skieur passionné, savait que j’aimais courir, alors il m’a demandé : « Pourquoi ne pas essayer le ski de fond ? »
« J’avais essayé le ski alpin (en Iran) quand j’étais enfant, mais je n’avais jamais fait de ski de fond.
« Mon ami m’a emmené au parc de la Gatineau, probablement l’endroit le plus difficile à skier à Ottawa. Nous sommes montés au chalet et nous sommes redescendus. J’ai dû tomber 50 fois pendant ce trajet de cinq kilomètres.
« Mais il y avait quelque chose qui m’attirait vraiment envers le milieu du ski de fond, dans tout le mouvement des personnes en ski, et j’ai décidé assez rapidement que je devais m’améliorer. »
Des années plus tard, à la recherche de moyens de redonner à un sport qu’il avait pleinement adopté, Momtahan a commencé à faire du bénévolat dans son club d’origine, Nakkertok. Il y a deux ans, il a mis en place un programme pour aider un groupe de réfugiés syriens nouvellement arrivés à apprendre à skier.
Maintenant, je suis un peu de l’autre côté de la médaille, je suis quelqu’un qui aide les nouveaux Canadiens à chausser des skis », dit Momtahan. “Vous voyez des gens qui font des efforts dans un domaine qui ne leur est pas familier, et cela vous donne envie de sourire et d’aider.
« L’aspect social du ski est très important, très bon pour l’intégration des gens dans les communautés. Ma situation est différente. Il y a des défis à relever parce qu’il y a un éventail de situations dans lesquelles les gens se trouvent. Voir les sourires sur leurs visages représente beaucoup.
« Ces gens et leurs parrains, je ne peux pas vous dire combien de fois ils m’ont remercié, me disant que c’était la meilleure chose qu’ils avaient faite cet hiver-là. C’est donc très gratifiant. »
La satisfaction, bien sûr, est une voie à double sens.
La famille Ghanem, modèle idéal pour ce que des clubs comme celui de Wostawea s’efforcent de fournir, peut certainement vous éclairer.
Le ski fait désormais partie de notre vie”, déclare Wael. “Mon épouse et mes (deux) enfants les plus âgés font également du ski.
« C’est une affaire de famille. C’est quelque chose que nous pouvons faire ensemble pour le reste de notre vie. Nous avons beaucoup de chance de nous être impliqués dans le club. Mes enfants aiment beaucoup patiner aussi. J’ai essayé. Mais c’est assez. La glace était trop dure quand je suis tombé. La neige est plus douce. Même quand tu tombes, c’est amusant. »