À la poursuite de l’excellence de la classe aux pistes de ski
L’école, contrairement à ce que prétendait Alice Cooper au début des années 70, n’est jamais terminée, du moins pour Emily Nishikawa.
Elle va y rester pour au moins les 30 prochaines années.
« Génial, » est le mot choisi par l’athlète qui a fait partie de l’équipe nationale féminine de ski de fond du Canada pendant 11 ans pour décrire sa première année d’enseignement à des élèves de deuxième année à la Golden Horn Elementary School à Whitehorse, au Yukon.
« J’adore ça. »
« Je sais que c’est ce que je veux faire depuis longtemps. J’ai d’abord étudié la psychologie avant d’aller en enseignement. Trouver mon premier travail tout de suite en finissant l’école, c’était un peu comme gagner une course. C’était le même genre d’euphorie. »
« Je m’ennuie des gens en ski et de cette poursuite incessante pour être la meilleure dans quelque chose. Je trouve maintenant cette détermination dans d’autres aspects de ma vie et j’ai beaucoup de collègues et mentors fantastiques. C’est un monde complètement différent du ski, mais j’aime vraiment ça. »
Avec la célébration de la Journée internationale du sport universitaire mardi, Nishikawa, maintenant retraitée, est un brillant exemple de l’abondance d’étudiants-athlètes canadiens du cheminement de l’athlète de Nordiq Canada qui trouvent l’équilibre entre les études et le sport. Après tout, elle a joui d’une longue carrière athlétique et a trouvé sa voie dans le monde du travail.
Le défi de mélanger la passion du sport avec sa future vocation est, après tout, souvent un équilibre fragile digne des équilibristes les plus courageux.
« Parfois, on dirait qu’il n’y a pas assez de temps dans la journée pour faire tout ce qu’il y a à faire, » se confesse le membre de l’équipe nationale de Nordiq Canada Tom Stephen, qui habite à Canmore, où il s’entraîne et commence son trajet quotidien de 90 minutes les jours de semaine pour aller à l’école à l’université de Calgary.
« J’ai travaillé avec un psychologue pour apprendre à prendre le temps de faire les choses qui doivent être faites et mettre ces choses à l’horaire pour savoir où je dois être et à quel moment dans
une journée. »
« Cette année, je me suis beaucoup amélioré par rapport à ça. »
« Je viens tout juste de recommencer l’université, alors ça commence à être plus difficile. Lorsque je vais avoir trouvé mon rythme, en prenant le temps de me reposer et de récupérer pour ne pas m’épuiser pour pouvoir m’entraîner et me reposer, pas juste aller à l’école, les choses vont se placer. »
« Je ne vais pas pouvoir faire du ski de fond à mon niveau actuel jusqu’à 40 ans, alors c’est important de travailler vers un autre objectif. »
Stephen, qui va rater la première moitié de la saison actuelle de ski après avoir subi une opération à la hanche, étudie en ingénierie à l’université de Calgary.
« Depuis que je suis tout petit, je suis fasciné par la façon dont les choses fonctionnent. Ça me semblait un choix de carrière naturel. Mon père ramenait à la maison des ordinateurs et des télévisions, des gros électroniques, et je m’amusais à les défaire pour voir comment ils fonctionnaient. »
« Je ne les remontais jamais. Je ne faisais que les défaire. »
L’athlète paranordique prospect Emma Archibald, de la Nouvelle-Écosse, étudie actuellement pour obtenir son baccalauréat en soins infirmiers à l’université d’Ottawa.
« J’ai dû m’ajuster à de grands changements cette année, » dit-elle. « J’apprends à m’adapter et ça va m’aider pour continuer à avancer. En tant qu’athlète, s’adapter à son environnement est très, très important, car il est possible d’avoir une course, par exemple, à l’autre bout du monde dans un autre fuseau horaire. Si on réussit à bien s’adapter, c’est vraiment bien pour tout le monde. Le mélange du sport et des études nous donne cette capacité. »
« Ces quatre ans d’université déterminent si on aime la carrière que l’on a choisie et permettent d’obtenir le diplôme pour faire ce que l’on veut faire pour le reste de notre vie professionnelle. »
« Dans mon cas, les Jeux paralympiques sont également dans quatre ans. Pour moi, c’est vraiment bien, car le ski de fond est un sport dans lequel on développe plus d’endurance en vieillissant. On peut continuer à s’améliorer tout le temps. »
« J’aimerais me qualifier pour les Jeux paralympiques dans quatre ans. J’aimerais peut-être gagner une médaille aux Paralympiques dans huit ans. J’ai des objectifs plus ambitieux pour l’avenir. Ça me permet d’avoir une vue d’ensemble plutôt que de stresser à propos de la semaine à venir. “Oh non, j’ai manqué un entraînement à cause de mes examens!” »
« C’est important pour moi d’avoir une vue d’ensemble. »
« Les quatre prochaines années vont me permettre de trouver un équilibre. »
Le relâchement des restrictions de la pandémie a changé les choses pour la plupart des étudiants-athlètes. Dans la plupart des cas, les cours en personne sont de retour et cela peut être difficile pour les athlètes qui doivent voyager en plus de s’entraîner.
« Avec la flexibilité de l’université Athabasca et la gestion de la pandémie pendant mes deux ans de cours en enseignement (à l’université du Yukon), j’ai fait toutes mes études en lignes, » explique Nishikawa avec reconnaissance.
« L’attente d’être présent pour des cours en classe aurait été un tout autre défi, sans aucun doute. »
« À Athabasca, j’avais la flexibilité de choisir un cours et de prendre six mois pour le compléter. Je pouvais me dire : “OK, mes grosses courses sont pendant ces mois, alors je peux me concentrer sur l’école avant le début de cette période.” »
« Je pouvais définir mes propres règles, ça m’a vraiment aidé. Lorsque j’ai trouvé mon rythme, après les premiers cours pour lesquels je ne faisais rien pendant cinq mois avant de me dire : “Oh, oh! Je dois faire ça,” j’ai trouvé comment faire et je me suis rendu compte que si je ne me rends pas à ce point, tout va bien. »
Le circuit NCAA offre une autre direction pour les athlètes en diminuant le fardeau financier pour plusieurs d’entre eux tout en offrant un environnement d’équipe solide.
L’entraîneur de l’équipe nationale NextGen Eric de Nys a récemment été au sud pour visiter les athlètes canadiens qui vont à l’université du Vermont et du New Hampshire, Dartmouth College et Harvard.
« Avec Zoom et les autres avancées technologies des cours, c’est de plus en plus facile de faire le suivi avec nos athlètes aux États-Unis, » explique de Nys. « Le but de mon voyage était de créer des liens pour nous en tant que programme de l’équipe nationale de ski. Nous avons investi beaucoup de ressources dans ces athlètes pendant l’été et nous avons des plans d’avenir, alors nous ne voulons pas les perdre. »
« Nous essayons de solidifier les relations avec les entraîneurs et les programmes là-bas (et ici au Canada). Nous investissons aussi beaucoup d’argent, alors ils sont intéressés à savoir où ces athlètes vont aller et à quel niveau ils performent. »
« C’est une entente qui doit travailler de façon symbiotique. »
« Je dois pouvoir appeler et demander : “Hey, comment ça va avec George? Je vois dans son journal d’entraînement que ça ne va pas très bien.” “Oh non, il fait tout, il a juste pris un peu de retard pour l’inscrire.” »
« On peut faire un suivi avec l’athlète. »
« Une autre raison pour ces visites est de voir ce qu’ils sont comme ressources d’entraînement et où ils vont, le type de terrain, ce genre de chose. »
« C’est du donnant-donnant. Je pose des questions et les entraîneurs me demandent ce que l’on fait. À Dartmouth, par exemple, je leur ai donné une routine d’échauffement que les athlètes font avant leur conditionnement physique, et ils ont beaucoup aimé. Ils cherchaient un échauffement du genre depuis longtemps. »
« Ils sont repartis avec une nouvelle énergie. Je suis reparti avec une nouvelle énergie. Tout le monde est gagnant. »
Ce qui frappe aussi de Nys est l’ambition scolaire des athlètes et leurs objectifs d’avenir. Remi Drolet, qui a marqué l’histoire aux championnats du monde juniors de ski FIS 2020 en tant que membre du relais canadien 4×5 km qui a remporté une médaille d’argent, est un bon exemple.
« La semaine dernière, » raconte de Nys en riant, « Remi, qui étudie à Harvard, m’a demandé : “Hey, Eric, veux-tu venir à mon cours de TCQ?” J’ai répondu : “Qu’est-ce que c’est, TCQ?” »
« Il a répondu : “Théorie des champs quantifiés.” J’ai dit : “Pourquoi pas.” »
« Je me suis assis avec lui et son professeur est un prodige de la physique qui vient de Chine. Lorsqu’il a dit : “OK groupe, commençons.” C’est la dernière chose que j’ai comprise pendant 75 minutes. Le professeur aurait pu écrire en chinois sur le tableau, car je n’avais absolument aucune idée de ce dont il parlait. »
Des gens extrêmement intelligents. Des athlètes de haut calibre. Une transition en douceur vers la vie après le sport.
C’est le plan idéal.
En tant que modèle d’étudiante-athlète qui a réussi, quel est le conseil d’Emily Nishikawa pour les athlètes actuels qui visent à trouver cet équilibre délicat entre l’éducation et un horaire sportif qui, cette année, pourrait les amener aux championnats du monde, en coupe du monde, à la Coupe Canada et, pour certains, en 2023, aux Jeux mondiaux universitaires FISU?
« Ne vous inquiétez pas pour les détails, » répond l’enseignante de deuxième année, qui retournait chez elle après le travail à la Golden Horn Elementary en cet après-midi de septembre.
« Ça s’applique au ski et à l’école. Il va toujours y avoir quelque chose qui n’est pas parfait. »
« C’est sûr qu’il y a toujours un certain stress, mais je crois que l’école a aidé mon ski et vice-versa. Je n’angoissais pas à propos d’un mauvais entraînement ou d’une mauvaise course, car je pouvais ensuite aller écrire une excellente dissertation ou faire quelque chose de positif et être fière de moi. »
« On doit apprendre à surfer sur la vague et à croire que tout va se placer. On a des dissertations qui vont être mauvaises ou des courses qui n’iront pas comme on veut, mais il faut passer par-dessus la déception et continuer. »
« C’est un long cheminement. »
« En tant qu’athlète, nous voulons exceller dans la profession que nous avons choisie, mais si on angoisse à propos du négatif, on passe à côté de la marque dans notre apprentissage. »
« C’est encore vrai dans mon travail d’enseignante, tout comme ce l’était pendant ma carrière sportive. »