

Conversation avec Alison Mackie: conviction, percée et rêve olympique
Dans notre premier épisode de la série « Pour qui je cours », nous nous entretenons avec Alison Mackie, une étoile montante du ski canadien.
Écoutez l’intégralité de l’entrevue ici : Who I Race For series: Catching up with Alison Mackie
À seulement 19 ans, Alison Mackie s’impose déjà comme l’un des plus grands espoirs du ski de fond canadien. Lors de la saison 2025, elle a signé une performance historique en décrochant deux médailles de bronze aux Championnats du monde juniors de ski nordique FIS à Schilpario, en Italie, une première marquante pour le Canada.
Mais avant de briller sur la scène internationale, son aventure a commencé bien plus près de chez elle, sur les pistes enneigées du Gold Bar Park, à Edmonton, là où le ski de fond était avant tout une affaire de famille.

Alison (à droite) skiant avec son petit frère (à gauche).
« Mes parents m’ont mis sur des skis dès que j’ai su marcher », se souvient Alison. « Ils ont tous les deux grandi en faisant du ski, mais sans jamais vraiment faire de compétition. Ils voulaient simplement que ça fasse partie de mon enfance. »
Du chocolat chaud et des programmes Jackrabbits aux podiums internationaux, le parcours d’Alison a été aussi rapide que remarquable. Elle s’est véritablement révélée en 2022, à seulement 16 ans, lors des épreuves de sélections olympiques de Canmore. « À la base, je voulais juste me qualifier pour un voyage avec l’équipe de l’Alberta », raconte-t-elle. « Puis j’ai réalisé que j’avais vraiment bien skié. C’est là que j’ai décidé de viser plus haut : me qualifier pour les Championnats du monde juniors 2023. »
Alison ne se contente pas de rêver, elle planifie.
« Pour moi, il est essentiel de me fixer des objectifs de processus, de rester consciente de ce que je dois améliorer en tant qu’athlète et en tant que personne », explique-t-elle. « Je ne peux pas contrôler exactement ce qui se passe pendant une course, mais je peux maîtriser ma préparation. »
Et cette préparation a porté fruit.
Alison a fait une entrée remarquée sur la scène internationale lors des Championnats du monde juniors de ski nordique FIS 2023 à Whistler, où elle a terminé meilleure Canadienne. Une performance qui annonçait déjà une saison prometteuse et un avenir à surveiller de près.

De gauche à droite: Sonjaa Schmidt, Liliane Gagnon et Alison Mackie suite à leur qualification pour les Mondiaux juniors 2024.
Mais un an plus tard, aux Championnats du monde juniors 2024 à Planica, en Slovénie, Alison est tombée malade et n’a pu participer qu’à une seule course. Pendant ce temps, ses coéquipières écrivaient l’histoire : Sonjaa Schmidt décrochait la toute première médaille d’or du Canada en sprint féminin U23, et l’équipe de relais mixte, incluant Liliane Gagnon, ajoutait une deuxième médaille d’or. Alison, elle, était confinée dans sa chambre d’hôtel.
« C’était difficile de voir toutes mes coéquipières réussir aussi bien et de ne même pas pouvoir célébrer avec elles », confie-t-elle.
« Ne pas pouvoir courir cette année-là a vraiment ravivé ma flamme, » dit-elle. « J’ai laissé le passé derrière moi et je me suis concentrée sur ce que je pouvais contrôler : moi-même, et ma préparation. »
Et c’est ce qu’Alison a fait.
En mai 2024, elle s’est assise avec son entraîneur et s’est fixé un objectif clair : terminer dans le top 5 d’une course aux Championnats du monde juniors 2025. « Mais au fond de moi, avoue-t-elle, ce que je voulais vraiment… c’était une médaille. »
Et elle l’a eue.

Alison après avoir franchi la ligne d’arrivée et remporté la première médaille du Canada aux Championnats du monde juniors féminins depuis 1989.
Lors de l’épreuve de 20 km, Alison s’est battue jusqu’au bout, livrant un dernier tour épuisant aux côtés des meneuses.« Je me suis accrochée pour survivre », raconte-t-elle. « Ce jour-là, j’ai terminé troisième, et j’étais vraiment ravie. Être la première Canadienne depuis 1989 à monter sur le podium des Championnats du monde juniors… c’était juste incroyable. C’était vraiment, vraiment cool de faire partie de ça. »
Et elle ne s’est pas arrêtée là.
Alison a enchaîné avec une deuxième médaille de bronze, cette fois dans l’épreuve du 10 km en style libre, avec départ par intervalles. « Je visais un top 5, et au final, j’ai obtenu trois top 4, dont deux médailles de bronze », dit-elle.
C’est après les courses que son état d’esprit s’est pleinement révélé. « Je me souviens m’être sentie à la fois très fière… et pas tellement surprise », confie-t-elle. « J’avais une grande confiance en moi dans les mois qui ont précédé la compétition. »
Ses performances exceptionnelles lui ont valu une sélection au sein de l’équipe canadienne pour les Championnats du monde de ski nordique FIS 2025 à Trondheim, en Norvège, un véritable saut de géant pour n’importe quel athlète… encore plus quand on n’a que 19 ans.

Alison sur les pistes de Trondheim aux Championnats du monde.
©Modica/NordicFocus.
« C’est de loin la plus grande foule que j’aie jamais vue pour une course », raconte-t-elle. « Encore une fois, l’ambiance était incroyable. Entendre des centaines de personnes applaudir pendant que tu te bats dans une montée, c’est très motivant. »
Malgré son statut de débutante, Alison a fait bonne figure. Lors du sprint par équipe, elle et sa coéquipière Liliane Gagnon ont terminé 10e. « C’était l’une de mes premières expériences en relais au niveau international », raconte Alison. « Je me sentais forte dans les trois manches et j’étais vraiment contente de faire une bonne course. »
Mais le moment le plus révélateur de sa saison est survenu après les championnats, quand beaucoup d’athlètes commencent à perdre de leur élan. Alison, elle, a au contraire accéléré, sur le circuit de la Coupe du monde.
« Quand j’atteins un objectif, j’ai parfois tendance à me sentir un peu perdue… alors je me suis fixé comme nouveau défi de terminer parmi les 30 premières pour le reste de la saison », explique-t-elle.
Elle a réussi, et à deux reprises. D’abord à Oslo, où elle s’est classée 28e dans le départ individuel de 20 km, puis à Lahti, où elle a pris une impressionnante 26e place lors de sa toute première course de 50 km.

Alison, fière d’avoir terminé sa toute première course de 50 km à une remarquable 26e place.
« C’était assez intimidant, car je n’avais jamais couru plus de 20 km auparavant », confie-t-elle. « Même si Therese Johaug menait la course à un rythme très rapide dès le départ, j’ai tenu bon. C’est la course dont je suis la plus fière. »
La réussite d’Alison n’est pas qu’une question de talent, c’est une question de conviction. « Je suis une personne assez têtue », avoue-t-elle. « Quand j’ai un objectif en tête, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour l’atteindre. »
Aujourd’hui, Alison vise le sommet ultime : les Jeux olympiques d’hiver 2026.
Elle aborde ce défi avec réalisme, sans jamais se laisser décourager. « Ça me rend à la fois nerveuse et excitée, c’est sûr », confie-t-elle. « Mais j’ai confiance en moi, et je sais que tous ces mois d’entraînement acharné finiront par payer. »
Si elle se qualifie, Alison deviendra la plus jeune skieuse de fond à intégrer l’équipe olympique canadienne depuis Amanda Ammar (aujourd’hui Butler) en 2006.
« Ce serait un rêve devenu réalité », dit-elle, « mais c’est surtout la preuve que je peux accomplir tout ce que je veux… que toute ma détermination et mon travail ont porté fruit. »
Pour Alison, représenter le Canada dépasse les simples résultats personnels. « Je suis fière de représenter tous ceux qui m’ont soutenue pour arriver jusqu’ici », ajoute-t-elle. « Que ce soit ma famille, ma communauté d’Edmonton, ou mes entraîneurs… quand je cours, je représente chacun d’eux. »