Harmoniser l’action nationale pour soutenir les objectifs de performance communs

13 Jan, 2023

La mesure de l’intelligence est la capacité de changer.  – Albert Einstein

Pour Chris Jeffries, l’objectif est de « redéfinir le cadre de discussion ». De « changer le ton des échanges ».

« Sans cette démarche », assure avec une certitude absolue le tout nouveau directeur de la haute performance de Nordiq Canada, « nous n’aurions jamais été unis ».

« Les athlètes et les entraîneurs n’y auraient jamais cru ».

« Essentiellement, ne rien faire voulait dire s’opposer à notre communauté pour essayer d’atteindre nos objectifs, au lieu de faire en sorte que toute notre communauté fasse partie de ces objectifs et de notre succès. »

Plus de flexibilité. Plus d’adaptabilité. Plus de volonté d’écouter.

Si la structure de l’équipe nationale a été décentralisée dans une certaine mesure depuis un certain temps, avec les trois centres nationaux d’entraînement répartis dans tout le pays, situés à Canmore (Alberta), Thunder Bay (Ontario) et Mont-Sainte-Anne (Québec), cette année, pour la première fois, les centres nationaux d’entraînement et certains clubs de haut niveau seront le milieu d’entraînement quotidien de tous les athlètes de l’équipe nationale. Les athlètes de l’équipe nationale de ski ne seront plus soutenus quotidiennement par les entraîneurs de l’équipe nationale de ski à Canmore.

La nouvelle structure est plus compliquée, implique plus de rouages et augmente considérablement les moyens de communication nécessaires.

Mais elle est tout à fait nécessaire.

« Si nous voulons atteindre nos objectifs, c’est-à-dire des podiums (olympiques) en 2030 et, si tout se passe comme prévu, avant, en 2026, ce ne sera pas facile », ajoute M. Jeffries.

« Nous devons accomplir des choses qui sont difficiles. Et c’est l’une des choses les plus difficiles que nous avons à faire ».

Jeffries est l’un des piliers de ce renouveau relativement récent (en l’espace d’un an environ) de Nordiq Canada et est entre autres appuyé par Robin McKeever (entraîneur de l’équipe nationale, olympique), Julie Beaulieu (directrice du développement du sport), Eric de Nys (entraîneur de la prochaine génération), Matt Smider (entraîneur du développement) et, Stéphane Barrette, chef de la direction depuis octobre 2020.

« Selon moi, la confiance est essentielle pour que les échanges soient constructifs », déclare M. Jeffries.

« Il semble que depuis un certain temps, la confiance entre Nordiq Canada et les centres d’entraînement a été mise au défi, en raison de la diminution du financement des centres d’entraînement, année après année, jusqu’en 2021.  Nordiq Canada a eu à regagner cette confiance, en commençant par adopter une nouvelle attitude à l’égard des centres d’entraînement, notamment en inversant la tendance du financement pour donner aux centres une véritable chance de répondre aux attentes. Bien que ce virage en soit encore à ses débuts, il a été amorcé.

« À mes yeux, cette année, il était important de mettre de l’ordre dans nos affaires. »

Dans la démarche de décentralisation, les athlètes sont encouragés à choisir l’option qui correspond le mieux à leurs besoins, à leur style de vie et à leur avenir, en accord avec leurs objectifs de ski de compétition.

« Les athlètes n’ont jamais été aussi sollicités, dit M. Jeffries, en termes d’études, de vie d’athlète et d’exigences financières. Vivre à Canmore est devenu de moins en moins souhaitable pour nos jeunes athlètes.

« De nombreux éléments liés au mode de vie et des facteurs sociaux ont entraîné cette décentralisation. Le souhait des athlètes et des parents d’intégrer l’enseignement supérieur dans leur parcours est peut-être le facteur le plus important dont nous devons tenir compte.

« Les choses changent.  Quand j’étais jeune, par exemple, j’avais un entraîneur à l’autre bout du pays parce que le savoir spécialisé pour les divers sports et les divers programmes n’était pas très répandu. Alors, comme je vivais en Ontario, un entraîneur de la Saskatchewan transmettait un plan d’entraînement par télécopieur au bureau de mon père.

Xavier Mckeever, Alberta World Cup Academy athlete

« C’était la meilleure option pour moi, quand j’étais au secondaire, d’obtenir des programmes de bonne qualité. Évidemment, ce n’est plus le cas aujourd’hui.

« Même si on pense toujours que l’une des plus grandes lacunes dans notre pays est celle du développement des entraîneurs, nous avons tellement plus de connaissances aujourd’hui dans ce pays, tellement plus d’entraîneurs. Le renouvellement des générations et des athlètes a créé ce savoir collectif.

« Et les installations partout au pays sont meilleures qu’il y a 20 ans. Ce sport est en pleine croissance.

« Et depuis mes débuts en tant qu’entraîneur il y a 12 ans jusqu’à aujourd’hui, ce que les athlètes recherchent dans leurs programmes a considérablement changé. »

Nordiq Canada a donc décidé de ne plus confier l’entraînement quotidien des athlètes aux entraîneurs de l’équipe nationale de ski, mais plutôt aux entraîneurs du milieu d’entraînement quotidien des centres d’entraînement ou, dans certains cas, des clubs locaux ou des programmes universitaires : ceux qui connaissent leurs skieurs mieux que quiconque.

Certains athlètes préfèrent un programme de club ou de la NCAA. Mais la grande majorité d’entre eux ont choisi le milieu d’entraînement quotidien du centre d’entraînement.

« Nous essayons vraiment de consolider notre partenariat avec les centres d’entraînement, plutôt que de conclure un accord et de leur demander de nous fournir un “service””, souligne M. Jeffries.

« Par le passé, on avait souvent l’impression d’être en concurrence avec l’équipe nationale de ski au lieu d’être leur partenaire.  Dans mon ancien rôle d’entraîneur en chef et de directeur de programme de l’Alberta World Cup Academy, j’ai souvent eu du mal à comprendre comment le centre d’entraînement était valorisé dans le système de haut niveau. »

Greg Manktelow, qui, en tant que président, a travaillé avec M. Jeffries à l’Alberta World Cup Academy (qui est passée de huit athlètes à 27 pendant cette période), estime que la personne idéale est en poste.

« Chris a tout intérêt à voir les centres d’entraînement maintenir leur succès et à en tirer parti.

L’objectif étant de fournir un milieu d’entraînement quotidien à tous ces athlètes de l’équipe nationale, puis de faire en sorte que l’équipe nationale de ski soit davantage un programme de type camp d’entraînement et de compétition.

LIliane Gagnon CNEPH athlete

« Tormod (Vatten) est notre entraîneur de haut niveau et l’entraîneur quotidien d’athlètes comme Dahria (Beatty), Katherine (Stewart-Jones), Xavier McKeever et tous ces jeunes skieurs qui font partie de l’équipe nationale.

« Avec cette prise en charge de l’entraînement, les entraîneurs et le personnel de l’équipe nationale de ski peuvent donc se concentrer sur les aspects les plus importants et sur le développement de notre philosophie nationale de haute performance et de développement. »

Bien entendu, les centres se réjouissent de l’intérêt croissant que leur porte l’organisme national directeur du sport.

« Que Robin McKeever vienne à Thunder Bay et participe à un camp d’entraînement l’été dernier, qu’il s’intègre et s’investisse pleinement dans ce que nous faisons a fait une différence vraiment concrète pour nous », s’enthousiasme Leslie Bode, gestionnaire de l’équipe de Thunder Bay et entraîneure adjointe.

« Ce camp était un camp du centre d’entraînement, mais nous l’avons aussi ouvert aux athlètes en développement de l’Ontario. La possibilité de consulter Robin et son expertise, de participer aux discussions et de voir ce que nous faisons en entraînement a été formidable pour tout le monde.»

« Je pense que la relation qui s’est formée – avec les athlètes, avec nous en tant que personnel, avec tout le monde, voyant où ils pourraient aller et avec qui ils pourraient travailler – a été vraiment bonne pour nous.

« Chris est également un ancien du centre de Thunder Bay et il est conscient des défis auxquels nous sommes confrontés ici. Ayant lui-même passé à travers cette expérience, on sent qu’il comprend notre situation.

« En alignant l’orientation de Nordiq Canada et de l’équipe nationale de ski avec la nôtre, nous avons vraiment eu l’impression qu’il s’agissait d’un échange réciproque. »

Ces échanges plus ouverts ont également impressionné l’entraîneur de longue date d’Alex Harvey, Louis Bouchard, basé, comme il l’est depuis 1999, au Centre d’entraînement Pierre Harvey à Mont-Sainte-Anne, au Québec.

« La façon dont (Nordiq Canada) envisage l’avenir, est complètement différente de ce qu’elle était il y a deux, trois ou quatre ans », dit M. Bouchard. « Après les Jeux de 2018, après 2019, il y a eu pas mal de changements dans le personnel, et dans la façon de penser.

« C’est complètement différent.

« Chaque mois compte, pour nous. Chaque jour compte, pour nous. Pour moi, c’était frustrant (dans le passé), je devais faire mes propres affaires parce que je ne peux pas attendre.  Même chose pour les athlètes. Il y a une grosse compétition, puis une autre, puis une autre.

« Je ne peux pas attendre. Nous ne pouvons pas attendre.

« Les autres pays n’attendent pas. Je ne peux pas dire ‘Les gars, j’ai un problème ici au Canada. Pouvez-vous me donner deux ans ?’

« Maintenant, tout le monde est sur la même longueur d’onde. Il est facile de décrocher le téléphone ou d’envoyer un texto à quelqu’un. Tout le monde est prêt à écouter, à parler.

« Tout le monde comprend que quand je t’appelle, c’est pour être meilleur. C’est tout. Il faut un peu de temps pour que les athlètes le comprennent aussi. La nouvelle équipe doit faire ses preuves auprès d’eux, de la même façon.

« Maintenant, je pense qu’ils commencent à sentir que nous travaillons ensemble. »

Oui, ils le sentent.

« Être dans un endroit qui est familier et avoir la liberté de rester avec un entraîneur qu’on connaît, ne pas avoir à déménager et à changer un mode de vie qui nous convient », explique Pierre Grall-Johnson, 23 ans, originaire d’Ottawa, qui en est à sa troisième saison dans l’équipe nationale senior et qui s’entraîne près de chez lui, à Thunder Bay.

Pierre Grall-Johnson NTDC T-Bay athlete

« On peut être à l’aise et se concentrer sur l’entraînement, plutôt que de déménager à Canmore, de faire connaissance avec un nouvel entraîneur, de s’habituer à un nouveau programme d’entraînement et à beaucoup d’autres choses.

« C’est un gros, gros avantage pour le bien-être et la concentration des athlètes, surtout pendant cette première année de transition. »

Le plan est en place. Les objectifs sont clairs, et le trajet vers ces objectifs est un projet de plus en plus commun.

« Notre pays est tellement vaste, avec de grandes différences culturelles », dit M. Jeffries. « Nous voulons avoir une plus grande incidence, non seulement sur la capacité de nos athlètes à trouver un programme qui correspond à leurs besoins et à leur style de vie, mais aussi sur les provinces et les communautés.

« Si par exemple tout devait se passer à Canmore, notre empreinte sur le pays serait assez limitée. Puis il y avait les demandes aux athlètes de se conformer. Dans le monde d’aujourd’hui, où la santé mentale n’a probablement jamais été un facteur aussi important dans la façon dont nous planifions nos athlètes, il faut donner des choix aux athlètes.

« Plus nous offrons de choix à nos athlètes et moins nous leur imposons des obstacles, plus nous avons de chances de réussir. Ce plan donne au pays le sentiment d’en faire partie. »

 

Bien que Nordiq Canada et les centres d’entraînement de développement travaillent ensemble pour permettre aux athlètes canadiens d’atteindre leurs objectifs sportifs et personnels, les centres d’entraînement sont des organismes indépendants qui dépendent des bénévoles et du personnel de la communauté pour les exploiter.

Les centres d’entraînement organisent plusieurs compétitions par saison. Du Duathlon Strides and Glides de l’Alberta World Cup Academy au Nordic Fest de Thunder Bay en passant par la Classique Alex Harvey du centre d’entraînement Pierre Harvey, ces compétitions donnent à la communauté la chance de participer au sport à tous les niveaux tout en rencontrant les athlètes de l’équipe.

Pour en savoir plus sur le CNE-Thunder Bay :

https://www.ntdctbay.ca/

Pour en savoir plus sur le centre d’entraînement Pierre Harvey :

http://www.cneph.ca/programme.html

Pour en savoir plus sur l’Alpine Insurance Alberta World Cup Academy :

https://www.albertaworldcup.com/