Les bénévoles : la bouée de secours des clubs de ski au Canada

3 Sep, 2020

Par Rita Mingo

Les bénévoles sont ce qui fait avancer le monde du sport amateur.

Lorenzo Caterini ne serait jamais devenu un bénévole s’il n’avait pas eu une affinité avec le ski de fond.

« J’ai appris à faire du ski sur une piste de motoneige, car il n’y avait pas vraiment de pistes à Halifax, » explique-t-il. « Nous allions à l’une de nos installations, Dollar Lake, et nous étions cinq à essayer d’aplatir une boucle de cinq kilomètres avec nos skis et nos raquettes pour y faire du ski. Nous avons fini par en avoir assez. Si on veut que quelque chose arrive, il faut le provoquer. »

Caterini a fait de l’amélioration de l’environnement de ski en Nouvelle-Écosse son projet de vie et c’est pourquoi il a été nommé, ainsi que Richard Turgeon, comme bénévole de l’année de Nordiq Canada.

D’autres récompenses ont également été remises : le prix Dave Rees est remis à Norbert Meier et les gagnantes du prix Firth sont Jo-Anne Wolach et Emily Nishikawa.

Le prix Dave Rees est remis à « un homme ou une femme pour souligner leur contribution exceptionnelle et leur apport au développement du ski de fond au niveau national ». Le prix a été créé en 1989 et tient son nom de Dave Rees, qui a grandement contribué au sport.

Meier est un membre fondateur de la Nordic Advocates Guild (NAG), créée par un groupe de partisans du ski du fond à Canmore en 2001. En tant que vice-président de la NAG, Meier a utilisé ses nombreux contacts pour aider son organisation à planifier et réaliser des collectes de fonds pour aider les athlètes de la relève. Il a également été président de la Alberta World Cup Society de 2010 à 2018, jouant ainsi un rôle important dans l’organisation de compétitions de calibre mondial à Canmore et au Canada.

Le prix Firth, qui a été créé en 1985 pour souligner les efforts de Sharon et Shirley Firth, était autrefois remis pour souligner une réussite sportive. En 1990, les critères ont été modifiés pour comprendre une contribution exceptionnelle.

Wolach et Nishikawa se partagent le prix Firth, car elles ont toutes deux été des piliers du bénévolat et de

l’avancement des sports nordiques au Canada. Wolach, qui est impliquée dans le sport depuis plus de 20 ans, a effectué un travail phénoménal pour Cross Country Alberta et en est l’ancienne présidente. Son expertise comprend l’organisation de stages d’entraînement régionaux et internationaux.

Impliquée dans le sport depuis toujours, Nishikawa est une double Olympienne (2014 et 2018), six fois championne nationale et membre de l’équipe nationale de ski senior pendant 10 ans. Elle travaille maintenant sans relâche pour aider la prochaine génération de skieurs canadiens.

Le prix de bénévole de l’année est remis à une personne pour souligner son apport exceptionnel au développement du ski de fond au plan régional ou national. C’est ici que Caterini et Turgeon sont concernés.

Caterini, un membre du Halifax Nordic Ski Club, a été honoré pour ses efforts inlassables en Nouvelle-Écosse. En fait, il a joué un rôle majeur dans ce que CBC News a appelé une « résurrection extraordinaire » du ski de fond dans la province.

Ses contributions sont nombreuses par rapport à l’augmentation des pistes, la création de partenariats entre les secteurs public et privé, les collectes de fonds, l’organisation de courses et la gouvernance.

« C’est évidemment tout un prix, » dit-il. « Je le vois comme une indication que j’ai fait quelque chose de bien dans les Maritimes et que les programmes et les installations que nous avons créés sont reconnus au niveau national. Même s’il est certain que je travaille beaucoup, je suis loin d’être seul dans les coulisses. »

« La raison pourquoi je suis tellement impliqué et intéressé est en partie égoïste, car je veux skier et je veux pouvoir le faire près de chez moi. »

Lorsqu’il a constaté les améliorations requises, Caterini a approché le gouvernement provincial et aidé à la collecte de fonds.

« Nous avons maintenant 5 sites pour lesquels nous entretenons les pistes, » explique-t-il. « Nous avons une valeur de 150 000 $ d’équipement de fabrication de neige pour nous assurer que nos programmes puissent se dérouler sur la neige pendant tout l’hiver dans un secteur qui présente de nombreux défis pour le ski. »

« Une vingtaine de fois pendant la saison, nous avons de la neige naturelle et on peut en profiter pendant trois ou quatre jours avant de revoir le sol, » ajoute-t-il. « Nous skions par périodes de deux ou trois jours avec des conditions incroyables. Ensuite, c’est une journée pluvieuse à 10 degrés qui fait fondre toute la neige et nous n’avons plus qu’à attendre la prochaine tempête pour ressortir notre équipement. Tout le monde fait du ski pendant deux ou trois jours, puis, inévitablement, tout fond à nouveau. C’est la normale ici. »

Vu les nombreux domaines dans lesquels il s’est impliqué, il est difficile de choisir sa contribution la plus importante, mais Caterini a essayé de la trouver.

« Je crois que la fabrication de neige à Brunello (un parcours de golf) a été le projet le plus ambitieux, » dit-il. « C’est une tâche monumentale de faire de la neige à petite échelle avec des bénévoles. De réussir un tel projet est une première. Nous ne le faisons pas dans une station de ski avec des infrastructures; nous sommes au milieu d’un parcours de golf en hiver avec des canons à neige pour trois ou quatre jours. »

« Dans ma tête, nous avions un plan sur 10 ans, mais nous avons atteint nos objectifs en trois ans. Nous en sommes maintenant à un point où tous les systèmes sont en place. Tout a été payé, nous avons six motoneiges et six dameurs. Nous avons atteint un niveau où nous pouvons maintenant prendre du recul et laisser la prochaine génération prendre les rênes et maintenir ce que nous avons accompli. J’ai reçu un courriel aujourd’hui d’un autre parcours de golf à Dartmouth qui nous demandait de fabriquer de la neige et d’entretenir leur terrain.

Le sport prend de l’ampleur, » ajoute-t-il. « La COVID fait que les gens s’intéressent à nouveau aux sports extérieurs. »

De son côté, Turgeon est récompensé pour sa carrière de bénévole qui s’étend sur plus de 20 ans et a mené au développement du sport à Gatineau et dans les Outaouais. Il s’est d’abord impliqué pour que ses enfants apprennent à aimer les sports de plein air, et tout ce qui a suivi émane de cette décision.

« L’une des choses que j’aime faire est d’aller au club de ski à la fin du mois de décembre, lorsqu’il fait noir et très froid, et on peut voir une trentaine d’enfants qui courent partout avec leurs skis et ont du plaisir, » commente Turgeon, qui a été entraîneur du programme Jackrabbit.

« Pour moi, c’est là l’essence de ce que je veux transmettre. Allez dehors et ayez du plaisir. Le plein air a toujours fait partie de ma vie, c’est très gratifiant et je veux que tous les enfants puissent le vivre. C’est ma plus grande motivation. »

« Je ne le fais pas pour la reconnaissance, mais c’est toujours agréable d’en recevoir. Je connais beaucoup d’autres personnes qui sont très actives dans le milieu, qui donnent de leur temps et de leur énergie pour appuyer les courses et aider les jeunes à être plus actifs. »

« Je ne suis pas le seul qui mérite ce prix, mais je vais l’accepter au nom du groupe. »

Turgeon faisait partie du conseil d’administration du club Skinouk à Gatineau, entre autres à titre de président de 2008 à 2017, jusqu’à il y a un an. Bien que son implication diminue, elle n’est pas terminée. Il fait partie du comité organisateur pour les championnats canadiens de ski 2021 à Nakkertok en mars. Les nationaux 2021 sont gérés par l’entreprise sans but lucratif ENGNE, un consortium de clubs membres de la région comprenant Skinouk, Nakkertok, Chelsea Nordic et Gatineau Loppet.

En tant que fervent skieur et coordonnateur du programme jeunesse, il est ravi de la croissance du sport dans sa région.

« Je vis à la limite du parc Gatineau, j’ai donc plus de 20 km de piste dans ma cour, » raconte-t-il. « Il y a beaucoup plus de gens qui font du ski. Tous les âges, tous les styles, tous les niveaux de performance. Je crois que nous allons dans la bonne direction. »

« Dans l’est du Canada, je crois qu’Alex Harvey a eu un impact considérable sur le nombre de jeunes qui ont essayé le ski de fond. Ce n’est pas un sport très accessible à la base, mais de voir quelqu’un qui est bon dans les médias a aidé à rendre le ski de fond plus populaire. »