Viser les objectifs de carrière – en classe et sur les pistes de ski

by Rita Mingo
25 Mar, 2020

Certains jeunes ne se sentent épanouis que s’ils sont testés quotidiennement, mentalement et physiquement.

Rémi Drolet semble être l’un de ces jeunes.

« Je suis concentré sur mes objectifs », souligne le jeune homme de 19 ans. “Je dois continuer à travailler fort. Je suis plus performant lorsque je suis mis au défi parce que je semble être plus motivé lorsque je m’efforce de réaliser quelque chose de difficile plutôt que de le faire pour le fun. »

Drolet ne fait pas les choses juste pour « le fun ». Il fait partie de la nouvelle génération de fondeurs d’élite du Canada et gravit rapidement les échelons dans l’espoir de faire parler de lui dans la conversation nationale. En même temps, il commence son parcours à la prestigieuse Université Harvard dans le domaine de la physique.

Il fait partie d’un grand nombre d’athlètes qui concilient leurs responsabilités, dont beaucoup fréquentent les universités canadiennes. Nordiq Canada aide les membres de l’équipe nationale dans leur démarche d’éducation en ajustant, entre autres, les horaires d’entraînement.

A première vue, compte tenu de son calendrier de courses de la NCAA, de son développement continu au sein de l’équipe canadienne et de ses études, il n’y a pas beaucoup de temps mort pour Drolet. Et c’est comme ça que l’athlète originaire de Rossland, en Colombie-Britannique, aime ça.

« Bien sûr, il y aura des défis à relever », convient Drolet, « et c’est faisable, mais cela va demander beaucoup de concentration. Je pense que Harvard est bien organisée pour soutenir les athlètes de haut niveau. »

Membre du club de ski Black Jack de Rossland, Drolet n’a pas été inspiré à devenir un skieur de fond; c’était un heureux hasard.

« Au départ, je jouais au hockey, mais j’en suis arrivé à un point où je n’avais plus de plaisir », explique-t-il. « J’ai pensé que c’était important de continuer à faire du sport. À l’école, nous avions pris des cours de ski de fond et l’enseignante m’a recommandé de rejoindre l’équipe de course parce qu’elle pensait que j’avais un certain potentiel. J’ai fini par adorer ça et je n’ai jamais regardé en arrière depuis. »

Il a notamment participé aux Championnats du monde de ski juniors de 2017, mais une commotion cérébrale et une maladie l’ont empêché de participer à la saison suivante. Il a donc visé la qualification pour les Championnats de 2019 à Lahti, en Finlande.

« J’ai dû travailler très fort et j’étais très content d’y arriver et d’avoir les meilleurs résultats de l’équipe », dit Drolet.

Il y a quelques semaines, il était de retour pour sa troisième participation à l’événement international junior de ski de fond. Quelques heures après avoir terminé à seulement 10 secondes du podium en quatrième position dans la course de 30 kilomètres départ groupé à Oberwiesenthal, en Allemagne, Drolet a complété la dernière étape du relais par équipe 4X5 kilomètres pour remporter une médaille d’argent historique de l’équipe canadienne. C’était la toute première fois que le Canada montait sur le podium dans une épreuve de relais lors des Championnats du monde.

Drolet a passé une partie de l’été dernier dans un camp à Sjusjoen, en Norvège, organisé par la Fédération norvégienne de ski, où il a assisté à des conférences et s’est entraîné hors-neige… Il a côtoyé les Norvégiens, les Russes, les Allemands, ses plus grands rivaux sur la scène mondiale pour le préparer à une saison 2020 importante.

« Quand j’ai commencé à les affronter, c’était assez intimidant et je n’avais pas vraiment idée de ce qu’ils faisaient pour être à un niveau aussi élevé », reconnaît Drolet. « Mais en découvrant ce camp, je me suis rendu compte qu’ils font tout simplement les mêmes choses que moi. Ce sont de petites choses que je peux faire ici et là pour que mes performances soient aussi bonnes que possible. »

Drolet fait partie d’un petit groupe de jeunes athlètes nordiques canadiens qui vont tenter de concilier l’entraînement avec les études de haut niveau au cours de la prochaine saison.

Sam Hendry en est un autre.

Cet automne, Hendry, membre du club de ski nordique de Canmore, part pour l’Université de l’Utah à Salt Lake City, où il est inscrit en biologie, en vue d’entrer à la faculté de médecine.

« La principale motivation qui m’a poussé à m’intéresser à ce programme était vraiment parce que j’avais l’impression d’être assez limité dans les études que je pouvais faire ici, surtout avec le temps de route entre ici et Canmore », explique Hendry, qui a fréquenté l’Université de Calgary à temps partiel ces deux dernières années. « Ce que je recherchais, c’était un plus grand engagement scolaire. »

Hendry, tout comme Drolet, a participé aux deux derniers Championnats du monde juniors, et en est également ressorti avec la confiance qu’il peut concourir à ce niveau de compétition internationale.

« C’était un peu comme l’apogée de ma carrière de skieur », décrit le jeune homme de 20 ans. « Tout ce que j’ai fait pendant toutes ces années m’a permis de réaliser ce que je pouvais faire en cette dernière année de compétition junior. Je n’ai pas réussi à me qualifier pour l’équipe en 2018, alors j’étais vraiment motivé non seulement à me qualifier pour l’équipe, mais aussi pour réussir aux championnats et obtenir de bons résultats. »

Hendry, dont la sœur Isobel est également fondeuse, a chaussé une paire de skis de fond dès qu’il a pu marcher. Dès le début, il a considéré la vedette canadienne Devon Kershaw comme un mentor.

« Je me souviens de m’être réveillé en pleine nuit pour le voir courir en Europe, et voir ses résultats en Coupe du monde », se souvient-il. « Un matin, j’ai oublié de vérifier les résultats. Mon père les a vérifiés, et il est venu à l’école pour me dire que Devon avait gagné une course de la Coupe du monde. Il m’a fait sortir de la classe ! Devon a été un modèle pour moi et une grande source d’inspiration. »

Les divisions et les clubs comprennent l’importance de trouver un équilibre entre les programmes d’études postsecondaires et de compétition, et ont travaillé avec les universités pour augmenter les options offertes aux athlètes.

Pour Nordiq Canada, l’éducation n’est pas seulement importante. En fait, leurs politiques le précisent : Nordiq Canada reconnaît l’importance de soutenir et d’intégrer les études des athlètes en tant que composante essentielle du parcours de développement des athlètes au Canada.

Alex Harvey était l’un de ces individus soutenus, puisqu’il a presque terminé son diplôme en droit alors qu’il était sur le circuit de la Coupe du monde.

Alannah MacLean a été une étudiante-athlète il y a quelques années et maintenant, en deuxième année d’études en médecine à la Northern Ontario School of Medicine, elle participe toujours à quelques courses avec l’équipe de ski de fond Big Thunder et l’équipe universitaire de Lakehead.

“Je me vois davantage dans un rôle de mentor maintenant”, dit MacLean, qui a fait partie de l’équipe nationale de développement pendant sept ans. “Je conseille de jeunes athlètes et j’espère que je continuerai à être une source d’inspiration qui leur permettra d’exceller dans les deux domaines.

« Lorsque j’ai commencé à pratiquer ce sport, on me disait que je ne pouvais pas être étudiante. J’étais l’une des rares athlètes au Canada à pratiquer un sport de haut niveau et à obtenir un diplôme de premier cycle en même temps. C’est la continuation de mon legs ; Nordiq Canada offre maintenant de la place aux athlètes de niveau postsecondaire et à ceux qui ont un véritable amour pour le sport. »

Si quelqu’un connaît les défis, c’est bien MacLean, qui est techniquement à la retraite mais qui continue à concourir avec succès.

« Les défis habituels pour tout étudiant-athlète », énumère-t-elle, « la gestion du temps, est-ce que vous dormez suffisamment, est-ce que vous pouvez consacrer suffisamment de temps à vos études ainsi qu’au ski. »

« Je me suis dit, je suis tellement habituée à être une étudiante et une athlète, pourquoi ne pas continuer comme ça. Je vais skier à temps partiel et j’ai participé à autant de courses que possible (l’année dernière). Finalement, j’ai gagné le 30 km aux Championnats canadiens, j’ai été championne canadienne universitaire et je me suis qualifiée pour la Coupe du monde. »

Hendry, quant à lui, attend avec impatience son début en Utah pour l’aider à affiner ses compétences en plein essor.

« Je suis super, super chanceux d’avoir beaucoup de flexibilité de la part de l’université et de l’équipe, ce qui me permet de skier, de m’entraîner et de concourir pour l’école, mais aussi de pouvoir revenir au Canada et concourir en tant que Canadien et représenter l’équipe nationale, » déclare Hendry.

Henry et Drolet arboraient tous deux fièrement l’unifolié sur leur combinaison de course en Allemagne, et ils affronteront le monde entier à domicile lorsqu’ils prendront le départ des compétitions de la Coupe du monde au Québec et à Canmore en mars.

Étant donné le dynamisme de ces jeunes hommes et femmes, personne ne devrait être surpris de ce qu’ils accomplissent.

« Nous avons encore un long chemin à parcourir au Canada », admet MacLean, « mais nous pouvons y arriver si nous continuons à avoir les Rémi Drolet et les Sam Hendry qui disent « hé, je suis super talentueux et c’est ce que je dois faire pour être non seulement un athlète mais aussi une personne qui réussit. » »

« Nous devons reconnaître que l’éducation doit jouer un rôle essentiel pour le développement de nos athlètes. Je suis très heureuse de voir cette évolution importante au cours de la dernière décennie. »