Dave Wood couronne sa carrière d’entraîneur
Le fait que Dave Wood soit arrivé juste au moment où débutait la montée en puissance du Canada dans l’élite du ski de fond n’est pas une simple coïncidence.
« Il a travaillé avec ardeur pour créer un climat de solidarité et de soutien au sein des rangs », souligne Beckie Scott, « ce qui a finalement été un facteur déterminant de notre succès. »
Selon Sara Renner, « il a été le pionnier du système d’entraînement canadien dans le domaine du ski de fond. »
Après une carrière d’entraîneur de près de quatre décennies, notamment au sein des équipes nationales junior et senior du Canada, Wood, âgé de 65 ans, prend sa retraite. Il laisse derrière lui une tradition d’excellence dont ses anciens protégés ne manqueront pas de témoigner.
« Dave a grandement contribué au ski de fond au Canada grâce à ses nombreuses années d’entraînement et de services dévoués à ce sport », déclare Scott, qui, sous la tutelle de Wood, a remporté une médaille d’or à l’épreuve de poursuite aux Jeux d’hiver de 2002 à Salt Lake City – la première femme nord-américaine à remporter une médaille olympique dans ce sport.
« Je pense que je décrirais cette période comme un moment vraiment spécial de l’histoire car elle a été une combinaison parfaite d’athlètes, de dirigeants et de personnel de soutien qui étaient vraiment motivés et vraiment inspirés pour aller de l’avant et progresser dans les rangs internationaux. Dave était aux commandes. Nous avions une équipe vraiment forte et solidaire qui s’amusait très bien ensemble, et Dave en était en grande partie responsable. »
Ces Jeux de 2002 restent évidemment l’un des souvenirs les plus chers de Wood.
« L’une des choses que l’on constate en regardant les Jeux olympiques de Salt Lake City où Beckie a gagné sa médaille, est que cela a été réalisé avec une équipe entièrement canadienne, et dirigée par des personnes qui sont issues du système canadien », explique-t-il. « Beaucoup d’anciens athlètes comme Yves (Bilodeau) et Alain Masson nous ont aidés. Ce sont donc tous les Canadiens du programme canadien qui ont obtenu ces résultats et je pense que cela en dit long sur ce que nous avons pu accomplir en tant que pays. »
Wood a commencé sa carrière d’entraîneur en Colombie-Britannique en 1986 et, peu de temps après, il a rejoint l’équipe nationale en tant que technicien de fartage en chef. En 1995, il a dirigé l’équipe junior dans le cadre du programme de développement à Canmore et trois ans plus tard, il a remplacé Steinar Mundal en tant qu’entraîneur en chef de l’équipe nationale. Il a occupé ce poste pendant 12 ans, une période très fructueuse.
« Chacun savait que Dave était là pour lui et pour toute l’équipe. Il a toujours voulu le meilleur pour tout le monde », ajoute Scott. « Ça fait une différence. En tant qu’athlète, nous traversons une période de vulnérabilité dans notre vie, et nos performances sont déterminantes. On savait que Dave ne s’investissait pas seulement en nous en tant qu’athlète, mais aussi en tant que personne.
« Il a placé la barre très haut pour le sport de haut niveau et a vraiment travaillé fort pour rechercher l’expertise et les connaissances de divers endroits et personnes en termes de ce qui pourrait être bénéfique pour nous en tant qu’athlètes de haut niveau. »
Renner a été la toute première Canadienne à monter sur le podium lors d’un Championnat du monde FIS en 2005, sous la direction de Wood. Un an plus tard, aux Jeux olympiques de Turin, elle et Scott ont remporté une médaille d’argent en sprint par équipe, quelques jours avant que la recrue olympique Chandra Crawford ne remporte l’or au sprint féminin.
« Je pense que Dave a cru en nos capacités alors qu’il n’y avait aucune raison de croire que l’équipe nationale féminine pouvait être championne », déclare Renner. « Je dirais qu’il y avait définitivement un désir d’atteindre l’excellence. Non seulement il entraînait des médaillées olympiques et des médaillées aux championnats du monde, mais il guidait aussi un groupe de femmes et devait composer avec les défis émotionnels qui vont de pair avec ça. C’était l’une des forces de Dave – il a été capable de créer un groupe solidaire visant l’excellence.
« Pour moi, Dave était cette personne qui y croyait », poursuit Renner. « Il était un étudiant de ce sport et était toujours prêt à apprendre. Il a su trouver pour moi un programme d’entraînement qui pouvait me permettre d’être la meilleure possible. Je pense que si je n’avais pas eu Dave dans ma vie, je n’aurais pas atteint ce potentiel. »
Ces athlètes féminines se sont distinguées en termes de succès international, mais elles n’ont pas été les seules à bénéficier des talents d’entraîneur de Wood. L’équipe masculine canadienne s’est rapidement retrouvée sur la voie vers le podium, tant pour le volet olympique que pour le volet paralympique.
« Pour moi, il a toujours donné l’exemple », note Brian McKeever, l’athlète paralympique d’hiver canadien le plus décoré avec 17 podiums, dont 13 médailles d’or. « Je pense qu’il avait une réelle connaissance de l’entraînement de haut niveau. Il ne faisait pas ça pour lui-même. »
« Dave et moi étions souvent sur la même longueur d’onde, mais pas toujours. Et quand nous ne l’étions pas, il était prêt à s’asseoir et à parler d’idées et nous faisions des compromis. Maintenant, si on le regarde au niveau du club, il en fait beaucoup pour ses athlètes lors des courses. Il essaie vraiment de les soutenir et ce niveau de soutien est palpable pour les autres athlètes qui l’observent de l’extérieur. C’est une bonne personne. Il se soucie des autres. C’est un homme honnête et c’est la raison pour laquelle lui et moi sommes toujours amis. »
Un exemple du soutien que Wood a apporté est la façon dont il a dirigé leur entraînement, selon McKeever.
« L’une des forces de Dave est le côté physiologique des choses », explique-t-il.
« Quand nous allions faire des camps au sud, Dave laissait les athlètes prendre l’avion et nous le retrouvions là-bas. Il aurait préféré prendre l’avion, mais il savait que c’était le moyen le plus économique de nous fournir ce dont nous avions besoin en transportant l’équipement au camp pour que nous puissions nous entraîner. »
« Quand vous voyez quelqu’un faire ça, pour un grand nombre de camps par année, vous réalisez que ça lui tient à cœur. Il tentait d’être aussi professionnel que possible avec les budgets dont nous disposions et de s’assurer que nous avions les possibilités de faire le travail adéquat. »
Changer la mentalité du pays était primordial pour améliorer sa position dans le monde du ski de fond. Et c’est ce que Wood a tenté de faire.
« Je pense que la première chose à faire était d’accepter que c’était réalisable », dit-il. « Il fallait y croire. Je pense que nous avons découvert à l’époque que certains jeunes skieurs arrivant dans le programme semblaient avoir de bonnes capacités. Beckie Scott, Sara Renner, les sœurs Fortier (Jaime et Amanda), et elles étaient également motivées pour travailler au sein de l’équipe. »
« Nous avons reçu un soutien important de la part de la CODA (Association canadienne de développement olympique, aujourd’hui appelée Winsport). Nous avions également une excellente relation avec le Dr David Smith de l’Université de Calgary, qui était physiologiste de l’exercice, et nous avons beaucoup travaillé ensemble ; nous avons examiné différentes idées et développé une approche de préparation totalement différente. »
Après avoir vu les Canadiens au bas de la feuille de résultats des Jeux olympiques d’hiver de 1998, les efforts déployés ont donné lieu à une autre histoire lors des jeux suivants.
« Je pense que c’est probablement Beckie qui a donné le ton et qu’ils ont suivi. En toute honnêteté, certains sont simplement de meilleurs skieurs que d’autres, mais tous les membres de cette équipe ont travaillé aussi fort que les autres.
« Lorsque vous regardez les Jeux olympiques de Vancouver, George Grey était l’un des meilleurs. Il a terminé parmi les 10 premiers dans une épreuve, il a fini parmi les 15 premiers au 50 km. Avant les Jeux olympiques, peu de gens pensaient qu’il pouvait faire ça et il l’a fait. Il l’a fait parce qu’il a fait preuve de persévérance, il a travaillé de plus en plus fort. Ils croyaient tous qu’ils pouvaient y arriver s’ils faisaient mieux les choses. »
L’influence de Wood s’est étendue à toutes les facettes de cette équipe nationale.
« Il a complètement changé le programme”, déclare Graham MacLean, dont l’association et l’amitié durent depuis une trentaine d’années.
Ancien athlète qui avait été entraîné par Wood dans les années 1990, MacLean s’est impliqué dans l’aspect technique pendant l’apogée de l’équipe nationale en tant que membre clé de l’équipe de fartage, tout comme Yves Bilodeau.
« Dans les années 90, nos résultats internationaux n’étaient pas très bons sur la scène mondiale et lorsque Dave a pris l’équipe en charge, il a complètement changé le programme », poursuit MacLean. « Il a joué un rôle essentiel pour obtenir beaucoup de financement, a amélioré la qualité du programme et a fait passer le niveau des athlètes de l’arrière du peloton à l’avant en quatre ans, ce qui est assez impressionnant. »
Le financement des sports amateurs est parfois un terrain glissant et c’est aussi un domaine que Wood a pris sous son aile. L’un des commanditaires de longue date du ski de fond est Bob Disbrow, que Wood a rencontré dans les années 80 lorsque les deux enfants de Disbrow faisaient partie du programme de la Colombie-Britannique. Sa maison de courtage de l’époque a commandité ce sport dans les années 1990. En 2001, un voyage à Salt Lake City pour un événement de la Coupe du monde a suscité une association encore plus importante, étant donné le potentiel.
« L’année suivante, nous sommes allés aux Jeux olympiques et avons notamment constaté le grand succès de Beckie. Depuis, la relation s’est poursuivie, tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel (par l’intermédiaire de Haywood Securities) », explique Kim Kawaguchi, l’épouse de Disbrow. « C’est grâce à Dave si nous nous sommes impliqués dans ce sens. Sans lui, nous n’aurions pas été là et nous ne serions pas ici aujourd’hui avec un soutien continu. »
« Nous voulons soutenir le sport et voir les athlètes (se développer) à partir du niveau junior, gravir les échelons et être soutenus à tous les niveaux du ski, que ce soit au niveau du club ou au niveau national. »
Il prend peut-être sa retraite de son poste d’entraîneur à plein temps, mais Wood continuera à partager sa vaste expertise. Il entraîne Rémi Drolet, la jeune étoile montante du Canada, depuis plusieurs années, et il sera également le mentor des nouveaux entraîneurs à venir au Black Jack Ski Club, son établissement local de Rossland.
Le club organise une course NorAm Haywood à l’automne prochain, et Wood prévoit de contribuer à ce projet.
Même s’il conclut sa carrière, vous pouvez être certain qu’il gardera toujours un œil sur l’équipe nationale qu’il a contribué à former.
« Je pense qu’il y a plus de talent dans le système maintenant qu’il n’y en a jamais eu », conclut-il. « Les athlètes sont dans le système, et nous devons nous assurer de maintenir le réseau de soutien pour qu’ils puissent progresser. »