Skier aux quatre coins du pays : Le club des quatre de Nordiq Canada

6 Avr, 2020

Le Canada, havre de sports d’hiver, compte 338 clubs de ski nordique situés dans toutes les régions du pays, où les amateurs  et les étoiles montantes de ski de fond peuvent chausser une paire de skis et pratiquer leur passe-temps favori.

Nous nous intéressons aux points les plus éloignés, faisant voyager notre communauté vers notre club le plus à l’ouest, à Whitehorse, avant de nous rendre dans le sud de l’Ontario. Notre parcours à travers le pays nous fera visiter Terre-Neuve et se terminera par une belle découverte du ski dans le nord du Canada, à Iqaluit.

Étant donné que ces clubs sont situés aux extrémités de notre vaste pays, ils sont tous confrontés à des défis et à des perspectives similaires en fonction de leur situation géographique. Bien qu’ils doivent relever ces défis, qui vont des conditions météorologiques à des populations limitées, ils sont tous fonctionnels et demeurent un élément clé de la communauté nordique du Canada en raison de leur passion commune pour le ski de fond.

 

Ouest : le club de ski de Whitehorse

Le site de ski de fond le plus à l’ouest du Canada se trouve au Yukon, plus précisément au club de ski de Whitehorse.

Le club compte environ 1 300 membres et d’innombrables adeptes du ski de fond non membres dans une ville de 27 000 habitants, ce qui représente une proportion énorme. Sur ce nombre, environ 80 enfants sont inscrits au programme de course, qui commence chaque année en octobre.

Le club a ouvert ses portes au début des années 1980, un vestige de la Coupe du monde et des Championnats nord-américains organisés à Whitehorse en 1981.  Il est situé à environ cinq minutes en voiture du centre-ville, ce qui le rend très accessible.

« Il est certain que sous la direction des entraîneurs actuels, c’est vraiment organisé pour que les enfants puissent venir après l’école et qu’ils skient probablement trois à cinq fois par semaine selon leur âge », explique Dominic Bradford, le président de Cross-Country Yukon qui est également membre du club.

« Le programme propose des activités allant de la course de haut niveau à des relais de la Saint-Valentin amusants et des courses costumées, des choses comme ça. Et bien sûr, la nourriture est toujours au rendez-vous. Après un entraînement ou une course de ski, il y a toujours un rassemblement de la communauté, et quelqu’un est responsable d’apporter de la nourriture et quelqu’un d’autre est responsable de la servir. »

Étant donné la popularité de ce sport dans la région, attirer les familles ne semble pas être un problème. Mais quelques événements spécifiques chaque année contribuent à consolider cet intérêt.

« Le premier est une journée portes ouvertes où la location des skis est gratuite et l’accès aux pistes est gratuit », explique M. Bradford. « C’est au début de la saison. Le second s’appelle « Hut to Hut to Hut ». Nous avons trois refuges différents et si vous rejoignez chaque refuge, ça vous donne une boucle d’environ 15 km ; c’est ouvert à tout le monde et il y a des commanditaires à chaque refuge.

« Le dernier grand événement communautaire que le club de ski commandite est le marathon de ski du Yukon, une course du point A au point B. Cette course est de plus en plus populaire chaque année. »

Le programme de développement du club de ski commence également en octobre. Ceux qui sont plus sérieux et prometteurs sont généralement identifiés vers l’âge de 14 ans. De plus, des camps sont organisés en mai et les enfants plus âgés sont invités à y participer. Ceux qui sont identifiés comme étant de « haut niveau » ont la possibilité de voyager.

« L’année dernière, nous avons eu quatre athlètes qui sont allés à Canmore pendant une semaine pour participer à un camp ; ils se sont entraînés avec l’entraîneur national tout en côtoyant d’autres athlètes à Canmore, dont nos deux skieuses (Dahria Beatty et Emily Nishikawa) qui font partie de l’équipe nationale de ski », ajoute M. Bradford. « C’était une chance d’être encadrés par nos propres gens, mais dans un milieu différent ».

Sud : le club Wildwood

À l’extrémité sud du pays se trouve le Wildwood Club, domicile des Polecats, et a été créé par Steve Sauder, qui a participé à la fondation de l’établissement en 1984.

Les pistes sont situées sur une ferme appartenant à Peter Baldwin et les participants viennent principalement des communautés ontariennes de St. Mary’s, Stratford, Woodstock et Ingersoll.

La région du sud suppose des climats plus chauds et c’est le plus grand défi que doit relever le club Wildwood.

« Il y a eu des hauts et des bas », dit M. Sauder à propos de la météo. « De 2007 à 2009, nous avons eu d’excellents hivers. Nous avons fait du ski de novembre à mars. Par contre, ces deux dernières années n’ont pas été très bonnes. Nous avons eu beaucoup de neige et nous avons tracé, puis nous avons quelques bonnes journées avant d’avoir de la pluie et de la glace, et nous devons fermer à nouveau. L’année dernière, nous n’avons probablement eu que moins de trois semaines de bon ski, donc c’était très difficile. »

Malgré la météo, Wildwood est l’endroit idéal pour découvrir ce sport.

« C’est un bon moyen d’initier les jeunes au ski de fond », reconnaît M. Sauder. « Ils iront un peu plus au nord, au club Highlands Nordic, pour avoir la chance de faire un peu plus de ski avec de la neige plus constante. Mais nous avons des gens de tous âges, beaucoup d’aînés qui utilisent la région de façon régulière. Le club est également un terrain d’entraînement pour certaines écoles secondaires de la région. Comme nous sommes au sud, il est un peu difficile de prévoir le temps qu’il fera, donc ils ont généralement une installation de rechange au nord également. »

Il est peut-être petit, mais compte tenu de la proximité des grandes villes et agglomérations, le club Wildwood a connu son lot de succès.

« Nous avons obtenu d’excellents résultats avec le club », explique M. Sauder. « Bob Thompson, qui faisait partie de l’équipe nationale de ski, et sa famille sont membres du club. Il en est membre depuis toujours. Nous avons eu un certain nombre de champions de l’Ontario qui faisaient partie de notre club, des étudiants qui ont obtenu des bourses d’études. Nous avons des jeunes qui ont suivi nos programmes et qui sont maintenant entraîneurs dans des universités, à Guelph et à Waterloo. »

Le nombre de participants varie de 100 à 300 selon les conditions.

« Le plus grand événement que nous avons eu était un parcours à obstacles, les militaires sont venus et ont mis en place ces énormes obstacles et des centaines de personnes ont participé », se souvient M. Sauder. « Nous avons des journées de préparation des pistes à l’automne ; nous avons expérimenté avec une série hebdomadaire de courses sous les étoiles. Mais c’est surtout de venir juste pour skier! »

Est :  le club de ski nordique Avalon

Situé sur une péninsule dans l’Atlantique Nord, avec les courants du sud qui réchauffent la terre, il n’est pas facile d’être le club de ski nordique Avalon.

Établi à St. John’s, Terre-Neuve, Avalon est le seul club de ski de la péninsule et il fonctionne à partir de deux installations: le camping municipal de St. John’s et un camping provincial situé à une demi-heure de la ville.

Le club Avalon a été constitué en société en 1972, initialement sous le nom de St. John’s Ski Club. Aujourd’hui, le nombre de membres du club varie de  320 à 150, en raison de la météo.

« Oui, oui! », reconnaît le président Colin Taylor. « Il y a trois ans, nous avions 300 personnes ; les deux dernières années ont été terribles. L’année dernière, le début de la saison a été impressionnant. Nous avons eu de la neige la première semaine de décembre ; à Noël, elle avait disparu. Je ne pense pas qu’il ait neigé à nouveau. Nous avons obtenu de l’équipement d’enneigement il y a un an et demi, mais nous tentons toujours de trouver comment l’utiliser. Dans quelques années, nous pourrons faire de la neige dans la ville.

« Parmi certains des plus anciens membres du club … un type a dit que l’hiver dernier était le pire qu’il ait vu en 40 ans. J’ai skié trois fois et je fais généralement 2 000 kilomètres par année. Quand il n’y a pas de neige ici, je fais deux heures de route jusqu’à un autre club qui a de la neige.»

La majorité des skieurs membres du club Avalon viennent de la région métropolitaine de St John’s. Les autres viennent d’un rayon de 25 km, de lieux comme Mount Pearl et Conception Bay.

« Le nombre de personnes qui skient par rapport à celles qui sont membres du club est très différent », explique M. Taylor. « Quand il y a de la neige, les gens skient et les gens s’inscrivent aux programmes. »

« Si on considère le ski séparément du club, les bonnes années ne requièrent pas de publicité. Les gens skient. Est-ce qu’ils adhèrent au club?Pas nécessairement. Les gens n’adhèrent pas au club pour accéder aux installations, ils adhèrent pour participer aux programmes. »

Des programmes comme Jackrabbits, un groupe de défi et leçons pour adultes, ainsi qu’un programme de développement junior.

Nord : le club de ski et d’aventure Aniirajak

Il n’y a plus de nom approprié pour un club de ski.

Aniirajak est un mot inuktitut qui signifie « jouer dehors. »

Et c’est ce que le club de ski et d’aventure Aniirajak préconise.

Basé à Iqaluit au Nunavut et officiellement constitué en société en 2015, Aniirajak est le club le plus au nord de notre liste.

« Nous avons commencé de façon modeste en faisant juste des sorties », dit François Fortin, le président du club.

Avec un peu d’organisation, le club a introduit plus d’événements spéciaux pendant le festival du printemps appelé Toonik Time. Ils ont un loppet, une course de moins de 2 km, pour laquelle le plus jeune participant avait trois ou quatre ans se souvient M. Fortin.

Comme un enfant, le club Aniirajak, qui sert également de centre d’information, grandit chaque année. Un chalet temporaire existe mais, grâce à des partenariats avec des entreprises privées, M. Fortin dit qu’ils commencent à faire du lobbying et des études de faisabilité afin de mettre en place un site permanent.

« Les conditions sont vraiment spéciales ici », explique M. Fortin, qui est là depuis sept ans. « Il n’y a pas d’arbres. D’une certaine façon, c’est le paradis du ski de fond. On peut skier n’importe où, dans n’importe quelle direction. Il n’y a pas de limite à la distance que l’on peut parcourir. »

Avec des programmes scolaires et parascolaires, ainsi qu’une énorme visibilité sur Facebook, l’espoir est que la communauté, qui peut être quelque peu éphémère, adoptera le club comme étant le sien.

« La communauté commence à voir ce que le club peut apporter », explique M. Fortin.

« Ce qui se passe dans le nord, c’est qu’il y a beaucoup de roulement. La vision de notre club est de construire quelque chose de durable. Je pense que si nous construisons des infrastructures comme nous essayons de le faire, c’est quelque chose que la communauté ne voudra pas laisser tomber. Il y aura toujours des gens pour prendre le relais.

« L’année dernière, nous avons eu une très, très bonne saison et cette année sera encore meilleure. »

Le club veut également créer une équipe pour participer aux grandes compétitions nationales, aux Jeux d’hiver de l’Arctique et, éventuellement, aux Jeux du Canada.

« Nous suivons vraiment le nouveau modèle de Nordiq Canada, tous les Canadiens en ski et davantage de Canadiens sur des podiums », déclare M. Fortin. « Nous voulons développer la culture du ski dans le nord. Il y a beaucoup de potentiel au Nunavut. C’est une excellente façon d’aller sur le terrain et de se rapprocher. »

Il y a un point commun à tous ces clubs et à tous les clubs en général : l’amour du ski..

C’est une activité dont les Canadiens et les Canadiennes avides de plein air peuvent profiter pendant ces longs mois d’hiver. Et peu importe les différences qui existent aux quatre coins du pays, ces clubs continuent à faire vivre et prospérer l’esprit du ski de fond.